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4 août. 17 h 45.

Sous les yeux admira tifs de Ferdinand, Clément installe, avec une précision d’horloger,

son dispositif de sabotage sur le transformateur. Il met exactement sept

minutes, consulte sa montre, puis, tranquillement, de tout son long, il s’étend

dans la fougère et allume une cigarette. Ferdinand va parler ; d’un geste,

Clément lui fait signe de se taire.

17 h 55. Le

sergent Klein et le jeune Garros, accompagnés de Lucien, le troisième homme, viennent

de repérer la chicane et ses six gardiens. Klein a fait comprendre au guide que

tout allait bien et qu’il n’avait plus qu’à se terrer et attendre.

Klein et Garros sont en

surplomb, dissimulés par d’épais buissons. Leur position est idéale, d’autant

que les Allemands ne se méfient pas. Quatre d’entre eux font les cent pas, les

deux autres sont assis sur le bloc de ciment et bavardent. Klein avait l’intention

de balancer des grenades. En découvrant la situation, il change son projet, prend

sa carabine et s’installe dans la position du tireur couché. Garros comprend

instantanément et l’imite.

17 h 57. À

cinq mètres les uns des autres, progressant avec la souplesse et l’agilité de

félins, Thomé et ses huit « zazous » se placent aux postes qui leur

ont été désignés sur le plan. Briguet contourne et installe son fusil

mitrailleur. Thomé parvient à se dissimuler d’arbre en arbre jusqu’à sept ou

huit mètres à peine du perron sur lequel veille une sentinelle inattentive, l’arme

à la bretelle.

À plat ventre, à l’abri

du tronc d’un gros cèdre, Thomé observe l’Allemand. Le jour n’est pas

entièrement tombé, mais le ciel est tellement bas et épais qu’à l’intérieur de

la Kommandantur chacune des pièces occupées est allumée.

Thomé est fasciné par l’homme

de garde. De lourdes gouttes de sueur perlent sur son front, imprègnent ses

sourcils qu’elles imbibent avant de suinter sur ses yeux. À plusieurs reprises,

le lieutenant essuie son visage à l’aide du lambeau de parachute qui lui

entoure le cou. Thomé constate la moiteur de ses mains ; son angoisse s’accroît.

Cette angoisse ce n’est

ni la peur de la mort ni l’imminence du combat qui la provoquent. Seulement, deux

minutes avant l’action, le lieutenant Thomé constate qu’il est moins inexorable

qu’il ne l’avait présumé.

Il avait projeté de

bondir sur la sentinelle par-derrière et de lui enfoncer sa dague dans une

veine jugulaire – geste que, à l’entraînement, il avait cent fois répété

sur des mannequins de son.

Mais il vient de

réaliser qu’il en sera incapable, et il se demande s’il y a lieu d’en être fier

ou honteux.

Thomé dégoupille une

grenade, la conserve dans sa paume dont la moiteur s’est encore accentuée. Serrant

la cuiller afin de prévenir le déclenchement, le lieutenant Thomé demeure tapi,

les yeux rivés sur la trotteuse de sa montre : il attend le fracas

lointain que doit provoquer l’attaque du transformateur.

L’explosion se produit

avec deux secondes d’avance. Alors Thomé ouvre la main, libérant la cuiller, compte

lentement jusqu’à quatre, lance l’engin qui atterrit aux pieds de la sentinelle

et explose au moment précis où touche le sol.

L’homme s’effondre, déchiqueté.

Une mare de sang s’étend sur le perron, trouve le chemin d’un dalot par lequel

elle s’écoule.

Simultanément les sept « zazous »

ont bondi et balancent des grenades par toutes les ouvertures. Ils sont

ahurissants de précision, aucun ne rate son coup. Après les premières

explosions, ils ont resserré leur cercle au tour de la bâtisse. Quatre Allemands

affolés tentent une sortie. Ils sont couchés par le fusil mitrailleur de

Briguet.

Si Thomé n’avait pas

hurlé : « Halte au feu ! », les parachutistes auraient continué

jusqu’à épuisement de leurs grenades (ils en avaient chacun une vingtaine). Sur

l’ordre de leur lieutenant, tous arrêtent leur jet. Un silence oppressant s’abat

sur la bourgade. Dans leurs oreilles, les « zazous » gardent un long

moment le sifflement lugubre causé par l’ampleur du fracas qu’ils viennent de

provoquer.

Une lourde fumée

grisâtre s’échappe par toutes les issues du bâtiment. Puis une odeur

pestilentielle saisit les parachutistes – l’odeur de la poudre, du sang, du

carnage, de la mort.

« Sortez tous de là,

sans armes, et les mains en l’air », hurle Thomé en français.

Le lieutenant perçoit au

premier étage un flottement. Des bribes chuchotées, un conciliabule hâtif ;

enfin une voix répond :

« Kamarads, monsieur !… Tous kamarads ! » Le timbre de la voix vibre sous la panique. Dans ces

quatre mots, l’Allemand vient de faire éclater toute la peur du monde. Étrangement,

Thomé a pitié. Il conserve pourtant l’arrogance des vainqueurs.

« Ça vient ? gueule-t-il.

Sinon je reprends le tir.

— Pas possible, monsieur,

reprend la voix terrifiée Escalier kaputt. »

Sur la gauche de Thomé

retentit un formidable éclat de rire. C’est le petit Le Nabour dont les nerfs

se relâchent.

« André, bon sang !

Tu te crois aux bains de mer ! braille le lieutenant. Couvrez-moi, je vais

jeter un œil. »

Thomé sait que ses

hommes l’observent. À dessein il marche droit, calme, à découvert. Il gravit

les marches du perron, enjambe le corps de la sentinelle et pénètre dans le

bâtiment avec la désinvolture d’un promeneur du dimanche.

À l’intérieur, sorti du

champ visuel de ses « gosses », le lieutenant bondit à l’abri. Reprend

une attitude prudente et méfiante, sa mitraillette prête à tirer. L’odeur

écœurante le suffoque, l’intensité de la fumée brûle ses yeux. Les larmes glissent

sur ses joues ; dans la semi-obscurité il constate qu’effectivement l’escalier

de bois s’est effondré. Il jette un bref regard dans le poste de garde, aperçoit

quatre corps en charpie.

« André, Guy, rejoignez-moi ! »

crie le lieutenant vers l’extérieur.

Les deux parachutistes

arrivent en courant. Thomé leur chuchote :

« Tirez le gros

buffet au milieu de la pièce. La seule chose qu’ils puissent tenter c’est de

nous balancer une grenade.

— Pensez-vous, ils

pissent dans leur froc », raille Le Nabour.

Thomé lui jette un

regard sévère, le petit André se précipite sur le buffet.

« Y a-t-il un

officier vivant là-haut ? » hurle Thomé. Une voix grave et emphatique

se fait entendre, cette dans un excellent français :

— Capitaine Emmunt,

commandant la 11e compagnie marche. Je suis indemne.

— C’est bon, sautez

le premier, et que les hommes valides vous suivent un par un. » Bêtement

la voix reprend : « C’est haut. »

L’officier allemand se

rend compte instantanément de la puérilité de sa remarque ; il ajoute aussitôt :

« Je saute, ne

tirez pas. »

Le capitaine allemand

apparaît dans l’encadrement de la porte déchiquetée qui donne sur un vide de

trois à quatre mètres. Il est botté, impeccable, il a rajusté sa tenue et

coiffé sa casquette, il se tient debout, s’apprête sauter. Puis il se ravise, s’assoit

sur le sol, les jambes dans le vide, et enfin se décide, après avoir pris appui

sur la paume de ses mains. Thomé, André et Guy ont souri, amusés. L’officier

allemand se reçoit gauchement et tombe à quatre pattes. Il se relève

visiblement vexé, époussette ses coudes et ses fesses, toise Thomé et déclare :

« Êtes-vous une unité régulière ?

— Lieutenant Thomé,

3e R.C.P. », concède l’officier parachutiste.

L’Allemand se fige au

garde-à-vous, claque les talons et salue longuement. Solennel, il reprend alors :

« Afin d’épargner la vie de mes hommes, je choisis de capituler. »

D’un geste grandiose, il

ouvre l’étui de son pistolet, extrait précautionneusement le Parabellum 9 mm

dans un mouvement qui démontre avec évidence qu’il ne va pas chercher à s’en servir,

puis tend l’arme à Thomé en la tenant par le canon.

« C’est pas vrai, il

se croit au ciné, lance Le Nabour.

— T’as raison, il a

dû voir jouer La Grande Illusion », surenchérit Richard.

Le visage de l’Allemand

s’empourpre.

« Lieutenant, je

proteste. Je me considère comme prisonnier de guerre. Je suis officier. Il est

inadmissible que vos hommes se permettent des sarcasmes à mon égard.

— Désolé, mon vieux,

réplique Thomé, nonchalant, mais le temps nous manque pour jouer aux honneurs

militaires. Allez, dehors ! On va s’occuper de toi selon un rite

sacramentel. »

Se tournant vers

Guichard il ajoute :

« Va chercher

Bellon et Galano. Occupez-vous des boutons de braguette et des bretelles. Ce

con d’abord. Après, les autres, au fur et à mesure.

— Vous êtes indigne

des galons que vous portez, jette l’Allemand, outré, en passant la porte.

— Au suivant !

Ça descend ? » hurle Thomé.

Un premier homme saute.

À l’extérieur, Bellon a

fait valser la casquette de l’officier, lui a ordonné d’ôter sa veste puis, de

sa dague de commando, coupe ses bretelles.

L’Allemand continue à

débiter un chapelet de vociférations indignées qui atteignent leur paroxysme

lorsque Bellon commence à déboutonner les boutons de sa braguette. Il se recule

horrifié.

« Mon lieutenant, gueule

Bellon, je crois qu’il a peur que je lui coupe la queue.

— Arrêtez de m’emmerder !

Tenez-le et finissez-en. »

Galano attrape l’officier

par-derrière ; Bellon, calme et ravi, coupe soigneusement tous les boutons

de braguette de l’Allemand ; alors Galano lâche sa prise.

Éructant, grotesque, tenant

de ses mains son pantalon ouvert, le capitaine de la 11e compagnie

de marche hurle, à bout d’insultes :

Kommunistes ! »

Il sont

une soixantaine à subir le même sort. Une quarantaine de morts et une vingtaine

de blessés sont momentanément laissés sur place. Les F.F.I. et les F.T.P. arrivent

à bord de deux vieux camions à gazogène. Les armes sont transportées sur les

véhicules ; les résistants récupèrent effectivement de quoi équiper deux

compagnies.

Thomé est sur le point

de donner l’ordre de décrochage, lorsqu’un gamin d’une douzaine d’années arrive

à bout de souffle :

Les S.S. ! hurle-t-il.

Avec des tanks. Ils arrivent de Landerneau. »

Thomé peste contre le

temps qu’il vient de perdre. Il prend une décision instantanée. Il faut freiner

la colonne ennemie pendant un quart d’heure au minimum, pour permettre aux

camions d’armes de trouver un refuge. Le lieutenant a un regard vers le

troupeau burlesque des prisonniers qui tiennent leurs pantalons.

« Poussez-les jusqu’à

la chicane, ordonne-t-il. Ils vont nous servir de boucliers, ça nous donnera le

temps de prendre position sur les talus de chaque côté de la route. De là, on

balancera des gammon-bombs. »

Les gammon-bombs, arme

typiquement S.A.S., étaient constituées d’une boule de plastic surmontée d’une

bonnette détonateur. Les Français avaient amélioré l’efficacité meurtrière de

ces engins en truffant le plastic de boulons, clous, fragments de chaînes de

vélos, ou toute autre parcelle de métal. Il est arrivé fréquemment qu’une

vingtaine d’hommes soient tués par l’explosion d’une seule gammon-bomb.)

Leur capitaine en tête, les

prisonniers marchent sous la menace à travers la rue qui conduit à la sortie du

bourg. Lorsqu’ils parviennent à la chicane, le gronde ment lointain de la

colonne motorisée croît, sourd et lancinant.

Thomé ordonne au

capitaine allemand :

« Vous allez vous

trouver au centre d’un feu croisé. Un faux geste de l’un de vous et je

déclenche le tir. Tenez-vous avec vos hommes devant la chicane. Quand j’attaquerai

le convoi, et seulement quand j’attaquerai le convoi, faites pour le mieux, essayez

de vous mettre à l’abri. »

La colonne s’approche

lentement. En tête, deux auto mitrailleuses ; derrière, quatre camions ;

en queue, une automitrailleuse.

Dès que le troupeau est

pris dans le faisceau des premiers phares, courageusement, le capitaine

allemand lève les bras qu’il croise au-dessus de sa tête pour prévenir l’embuscade.

Son pantalon tombe en tire-bouchon sur ses genoux. Il se penche, se relève, et

recommence trois fois l’opération.

Le S.S. de l’automitrailleuse

de tête ne comprend rien à cette étrange « pantalonnade ». Il

poursuit sa progression. Dès que le premier véhicule arrive à sa hauteur, Thomé

lance une gammon-bomb qui atteint son but avec précision. L’automitrailleuse s’immobilise.

La colonne est bloquée. Provoquée par la surprise, la panique est immédiate et

totale.

Courant comme des

lièvres sur les talus, les parachutistes trouvent les points desquels ils

pourront lancer leurs engins avec efficacité. Trois nouveaux véhicules sautent.

Du combustible se répand et s’enflamme. Les prisonniers essaient de courir, s’entravent

dans leurs pantalons, tombent, se relèvent, cherchent désespérément un abri qui

n’existe pas. Les S.S. ne comprennent rien. Ils ne parviennent pas à situer l’ennemi ;

seuls quelques-uns d’entre eux tirent à l’aveuglette, complètement désemparés. Un

des camions tente de doubler les véhicules en feu. Il y parvient, dangereusement

penché, ses deux roues de gauche sur le talus. Le véhicule arrive à s’engager

dans la chicane : il est stoppé par une balle qui a sectionné le fil du

delco. Une gammon-bomb atterrit le plateau arrière ; elle tue ou blesse

grièvement la totalité des occupants. Paul Lehir, le mécano, se précipite, ouvre

le capot, constate immédiatement la raison de la défaillance du moteur. Avec un

courage et un sang-froid extraordinaire, il extrait de la boîte fixée sur le

marchepied les outils qu’il juge nécessaires et se met à bricoler les fils

pendant que, rageur, le combat se poursuit autour de lui.

En moins de deux minutes,

le moteur tourne. Thomé a observé le patriote, il hurle : « Tout le

monde au camion de tête ! On taille la route. »

Les parachutistes se

précipitent, bondissent sur le plateau du camion, atterrissent sur les corps

des morts et des blessés allemands.

« Tu peux y aller !

crie Thomé. On est tous là. » Le camion s’ébranle, tandis qu’à l’arrière

les « zazous » lancent dans de formidables jets leurs dernières

grenades, puis tirent à la mitraillette, protégeant leur traite.

Le camion prend de la

vitesse dans la rue principale de Daoulas. Il s’engage, après avoir contourné

le liage, sur la route secondaire qui conduit à Saint-Urbin.

Les S.A.S. jettent alors

les corps des Allemands par-dessus les ridelles. Thomé constate la présence de

quatre blessés. Il fait arrêter Lehir ; précautionneusement les S.S. sont

déposés sur le bord de la route.

À Landerneau, dans la

nuit, le capitaine Emmunt se tient au garde-à-vous devant le major commandant

le trois compagnies de S.S. Il n’a trouvé qu’un bout de ficelle pour maintenir

son pantalon dont la braguette bâille. Il n’a pas pris le temps de déboutonner

les bretelles sectionnées qui pendent sur ses fesses et ses cuisses. Le major

écoute les explications oiseuses de son subordonné. Il se cantonne dans un

mépris caustique et indifférent.

« Avez-vous au

moins une idée précise de leur effectif ? interroge-t-il.

— Précise ?… Dans

la violence du combat c’était impossible à évaluer, ment Emmunt. Mais je pense

qu’ils devaient être au moins un bataillon à encercler Daoulas. C’est de la

logique pure ; ils n’auraient jamais osé nous attaquer sans être certains

d’un appui considérable. C’est la raison qui m’a poussé à capituler : la

disproportion des forces en présence était beaucoup trop considérable pour

tenter quelque résistance sans encourir un massacre. Vos troupes d’élite en ont

fait elles-mêmes l’expérience quelques instants plus tard.

— Un bataillon

parachutiste ? lâche le major songeur. Évidemment.

— Peut-être une

division dans la région, surenchérit le capitaine. À mon avis, la presqu’île

est infestée d’ennemis dont la mission est sans conteste le siège de Brest. »

Les deux officiers allemands

étaient-ils sincères ? Un fait est certain. C’est qu’ils ne firent rien

pour endiguer les bruits qui commencèrent à se répandre selon lesquels une

énorme concentration de parachutistes se tiendrait dans le triangle formé par

les axes Brest-Lesneven, Lesneven-Landerneau et Landerneau-Brest.

Si cette thèse apaisait

l’orgueil meurtri des deux chefs, elle fit souffler, par contre, un vent de

défaitisme sur les diverses unités allemandes cantonnées dans ce périmètre.

Les parachutistes

français qui avaient créé cette panique étaient au nombre de soixante-seize.

 

Qui ose vaincra
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